Emilia Pavel, CONFLUENŢE ŞI SINTEZE CU PRIVIRE LA PORTUL POPULAR ROMÂNESC DE LA EST DE CARPAŢI

Anuarul Muzeului Etnografic al Moldovei – II / 2002

ABSTRACT

Dans ce succint exposé, nous nous raporterons au costume populaire roumain de l’Est des Carpates, de la Moldavie extracarpatique au Plateau Moldave, unité géographique qui, dépassant le Prut, s’étend jusqu’au delà du Nistru en Transnistrie.

La typologie du costume populaire roumain de plateau nous rappelle, par sa structure morphologique et décorative, les liaisons qui ont existé, au long des millénaires, entre les populations du nord et du sud du Danube, entre les Thraco-Illyriens, même avant la séparation entre les Thraces et les Illyriens.

Des pièces fondamentales du costume de femme, comme la blouse et la jupe („catrinţa”) paysannes, le „sarafan” (une robe sans manches à jupe large et froncée) sont des documents qui attestent l’unité culturelle sud-est européenne dans le domaine du costume populaire.

Parmi les pièces du costume populaire d’homme, nous mentionnerons la chemise du type dalmate, taillée d’une seule pièce, la chemise de tradition illyrienne, la chemise avec jupe, qui existe dans le costume populaire roumain du Plateau de la Moldavie, et les „iţari” (pantalon thrace).

La chemise de femme, qui prédomine dans le costume populaire roumain de cette unité ethnographique, est la chemise à manches portant de l’épaule, la chemise – tunique, taillée sur le modèle de la chemise de l’homme du type dalmate, étant, la plus archaïque. Cette chemise est confectionnée en toile de laine fine „ţigaie” dans la zone de Iasi. Le même toile de laine fine „ţigaie” a pu être observée dans la confection des chemises du costume albanais, en Grèce, dans la région de Salonique, comme chez les Roumains.

La chemise dace, froncée au niveau du cou „cu brezărău”, qui prédomine comme typologie dans les zones ethnographiques de montagne, existe aussi dans le Plateau Moldave, à côté de la „catrinţa” Si, dans la zone montagne, la „catrinţa” portée par les femmes est la pièce de vêtement caractéristique, dans la zone de plateau la jupe élimine la „catrinţa”.

Le costume de femme avec la „catrinţa” correspond, comme structure, et parfois même par la décoration, au costume de femme illyrien, tel qu’on peut le voir sur la stèle funéraire illyrienne conservée dans le Musée de Zagreb.

La jupe est une pièce de vêtement spécifique aux zones de plateau. On la retrouve à gauche du Prut, dans le district de Vulcăneşti. Le „sarafan”, qui persiste dans le costume des Roumains de Transnistrie, est une variante de la jupe moldave. Tout comme la jupe, le „sarafan” est une pièce du costume populaire roumain qui appartient à une civilisation méditerranéenne archivielle qui, selon les données archéologiques, s’étendait, dans l’antiquité reculée, entre le bassin méditerranéen de l’Asie Mineure jusqu’en Espagne. Il peut être comparé et il s’y encadre comme typologie à la xhuplète albanaise, qui a la forme d’une jupe évasée, cloche.

La chemise d’homme du type dalmate, taillée d’une seule pièce de dimensions impressionnantes, a été observée en Albanie. Elle a été découverte sur une pierre funéraire à Drashovice, dès les IIIe-IIe siècles av. J.C.

Chez les Albanais la chemise du type dalmate est nommée „linjè”.

La chemise d’homme, à jupe, d’origine illyrienne balkanique, se retrouve depuis le région des Mehedinţi jusqu’en Moldavie du Nord, à droite et à gauche du Prut.

La „fustanella”, comme pièce du costume populaire d’homme, a persisté partout en Albanie, à quelques exceptions près jusqu’au début du XX-e siècle. Elle était portée par les Arbérais de Grhèce et d’Italie.

Parmi les peuples antiques, les Celtes, qui sont venus en contact avec les Illyriens an IV e siècle av. J.C., ont des vêtements très semblables à la „fustanella” illyrienne. Les ecossais ont hérité des Celtes le „kilt” écossais.

La „fustanella” est une pièce vestimentaire d’origine illyrienne, reprise par les Celtes, comme dans le cas de sa diffusion dans la Dacie. Cette pièce de vêtement a été utilisée aussi dans d’autre régions des Balkans, notamment en Roumanie. En Grèce, on l’a trouvée dès le début du Moyen – Age, représentant une influence albanaise. „Iţarii” (le pantalon) froncés sur la jambe, représentés sur les métopes de Adamclissi et sur la Colonne Trayane de Rome, forment le prototype des „iţari” moldaves froncés du Plateau de la Moldavie – zone de Iasi. Ce type de „iţari” est présent dans toute Moldavie, avec la seule différence que les „iţari” de la zone de Iasi sont plus richement froncés, étant nommés „iţari” de 101 froncés.

Les „Ceangăi” et les „Huţuli” de Moldavie portent le costume populaire roumain. Les catholiques de Moldavie – Iaşi, Roman, Bacău – sont surnommés „Ceangăi”. Ils parlent la langue roumaine, portent le costume populaire roumain depuis leurs ancêtres et soutiènnent fermement qu’ils sont Roumains.

A l’occasion du Séminaire International: „L’origine, la langue et la culture des Ceangăi”, Iaşi – Roumanie, 5-6 juillet 2002, le programme a prévu aussi un déplacement sur les lieux, dans les villages des catholiques: Butea – Iaşi et Săboani –Neamţ pour vérifier directement la situation.

En conclusion, nous mentionnons que la ressemblance qui existe entre les costumes daco-illyrien et roumain constitue la preuve que la genèse du costume roumain est daco-illyrienne.

Le costume populaire roumain de l’Est des Carpates est un document attestant l’unité, l’existence et la continuité de notre peuple sur le territoire carpato-danubienpontique.