Abstract / Résumé
Parmi les papiers ayant survécu à la disparition tragique de l’historien et généalogiste roumain Sever Zotta (1874-1943) dans son exile soviétique, suite à la déportation des habitants de Bucovine en juin 1941, un seul „manuscrit” (en effet, une brochure soviétique imprimée en 1937) eut la chance d’être conservé dans son intégralité: celui qui contient l’émouvant récit des relations qu’il avait entretenues, trois décennies durant, avec l’historien et l’homme politique N. Iorga (1871-1940). Ces relations ont été consolidées dans les années 1916-1918, lorsque, pendant la Première Guerre Mondiale, Iorga avait trouvé refuge à Jassy (Iași), l’ancienne capitale de la principauté moldave, où Zotta était (depuis 1912) directeur des Archives de l’État. Sur la proposition de N. Iorga, Zotta fut élu, en 1919, membre correspondant de l’Académie Roumaine. Dans les années suivantes, il commença à collaborer aux revues historiques éditées ou patronnées par Iorga et finit par devenir membre du parti présidé par celui-ci et même chef de l’organisation jassiote de ce parti. Mais, dans le premier ministre N. Iorga (1931-1932), Zotta a eu la déception de ne pas retrouver l’ami de jadis.
Victime des intrigues locales et sans pouvoir compter sur la loyauté de son chef politique et ancien ami, il perdit la place de sénateur qui lui avait été destinée, en faveur de l’écrivain M. Sadoveanu, qui – soutenu par N. Iorga – allait devenir président du Sénat. Zotta fut profondément affecté par ces manoeuvres, qu’il a dû considérer une trahison impardonnable, raison suffisamment acceptable pour mettre fin aux relations avec N. Iorga et renoncer à toute activité politique. En 1934, il prit sa retraite et se retira à Davideni (le petit domaine de son épouse), en sa Bucovine natale dont il était tellement fier. Mais, en dépit des déceptions, Zotta conclut que le bilan final de ses relations avec Iorga doit être considéré positif: par l’appui qu’il lui avait donné en 1917 pour sauver le siège des Archives (menacé d’être évacué), par la haute appréciation qu’il avait constamment accordée aux travaux généalogiques de Zotta et surtout par la publication d’une quantité énorme de sources historiques, d’une valeur inestimable pour ses recherches généalogiques. Il finit les notes en déplorant l’horrible assassinat qui mit fin à la vie de cet homme „qui avait tant donné à son peuple de la richesse de son âme, du trésor de ses connaissances encyclopédiques et pour l’union duquel il avait tant travaillé”.