Abstract / RÉSUMÉ
La postérité de Ion Tăutu, grand chancelier de Moldavie en 1475-1511, quoique appartenant à l’une des plus nobles familles du pays – nobilissima inter Moldavos prosapia, selon le prince Démètre Cantemir – est arrivée, au debut du XVIIIe siècle, à une situation assez précaire; les Tăutu possédaient encore des terres dans plusieurs villages du nord de la principauté moldave (ce qu’on va appeler Bucovina), ils étaient considérés des mazili (descendants des anciens grands boyards) et răzeși (co-propriétaires), mais leur état les rapprochait plutôt des paysans. Après l’intégration de la Bucovine au Saint Empire, comme possession de la Maison d’Autriche (1775), la noblesse du pays fut obligée de prêter le serment de fidélité à l’impératrice Marie Thérèse et à son fils, l’empereur Joseph II. Plusieurs membres de la famille Tăutu furent présents à cette cérémonie (1777); en 1788-1789, ils obtinrent des diplômes qui certifiaient leur qualité de nobles. Mais d’autres membres de cette famille, déjà trop appauvris et déclassés, restèrent dépourvus de tels certificats. Vers la fin du XVIIIe siècle et au commencement du XIXe, plusieurs Tăutu ont franchi la frontière de la Bucovine autrichienne pour s’établir dans la principauté de Moldavie, surtout dans le département de Jassy, mais aussi à Botoșani; ils furent reconnus, en tant que descendants du grand chancelier Ion Tăutu, comme membres de la classe des boyards, par ordres princiers qui leur octroyaient quelques menus privilèges. A côté d’eux, on trouve trois Tăutu non privilégiés, venus aussi de Bucovine et établis dans un village du même département de Jassy. Pour tous, le nom restait le dernier échelon de la mémoire familiale: mais seulement quelques-uns ont eu l’habileté et la chance de le mettre en valeur. Il sera intéressant de poursuivre leur descendance (partiellement connue): on peut supposer que la plupart ont gardé le nom, mais ont perdu la mémoire familiale.