Abstract / Résumé
Historien, généalogiste, chef du service de Jassy des Archives de l’État (1912-1934), fondateur de la revue „Arhiva Genealogică” (Archives Généalogiques, 1912-1913) et membre correspondant de l’Académie Roumaine (1919), Sever Zotta (1874-1943) a partagé le destin tragique de sa contrée natale. Fin juin 1940, il choisit de rester dans la Bucovine de ses ancêtres, occupée (suite au pacte Ribbentrop-Molotov) par l’armée soviétique, incapable de se séparer de ses livres et ses documents, de tous les souvenirs familiaux réunis dans sa maison de Davideni; presqu’une année plus tard, pendant la nuit de 12/13 juin 1941, il fut enlevé de cette maison par les autorités soviétiques et déporté en URSS. Il vécut la dernière étape de sa vie (deux années et trois mois) au Kazakhstan; la place et la date de sa mort, en 1943 – probablement au mois d’octobre, probablement dans la ville d’Orsk – ne sont pas connues avec certitude, et on ignore absolument les circonstances de sa disparition.
Trop vieux pour être utilisé aux travaux du kolkhoz qui l’avait „hébergé”, Sever Zotta employait son temps pour écrire: ceux qui l’entouraient se souviennent d’un homme qui écrivait tous le temps. Par miracle, on a pu sauver plusieurs feuilles, parmi lesquelles un fragment de journal, avec des notes à partir du 5 octobre 1941 jusqu’au 26 avril 1942 (on sait, d’ailleurs, que Zotta a tenu son journal à Davideni, pendant l’occupation soviétique et aussi après avril 1942, mais ces cahiers sont perdus).
Pour compléter les informations fournis par ce journal, l’auteur a ajouté quelques autres documents, récupérés eux aussi dans les papiers miraculeusement sauvés: trois lettres reçues de la part d’une réfugiée polonaise et une lettre adressée par Zotta à un médecin pour demander des médicaments. Toutes les pièces publiées dans cet article font revivre l’image de la fin misérable réservée à ce savant et patriote roumain, qui avait dédié toute sa vie au bien public.